Âlisha E. Ilaera ” Je suis arrivé(e) le ... : 02/04/2015 Messages : 85 $ : 34461
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| Sujet: De quoi ai-je peur ? De toi, enfin de moi sans toi. Lun 25 Mai - 12:40 | |
| don't make me sad, don't make me cry Quand je panique la mécanique de mon cœur déraille au point que je me prends pour une locomotive à vapeur dont les roues décollent dans les virages. Je voyage sur les rails de ma propre peur. De quoi ai-je peur ? De toi, enfin de moi sans toi
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Elle était énervée, profondément énervée. Marchant à vive allure à travers le boulevard, elle bousculait les gens sans scrupules et ne jetait guère de regard désolé vers eux quand elles les poussaient un peu violemment. Elle n'avait qu'un seul désir : aller prendre à manger, et rentrer chez elle. Il y a des jours où l'envie de sortir est irrésistible, et d'autres où cette dernière devient étouffante, au point d'avoir une haine aveugle contre ses propres désirs. Elle était agacée pour cette foule, qui lui semblât tout aussi pressé qu'elle. Hors eux allait dans le sens inverse à sa destination. Marchant à vive allure à travers le boulevard, elle bousculait les gens sans scrupules et ne jetait guère de regard désolé vers eux quand elles les poussaient un peu violemment. La capuche rabattue sur sa tête et les écouteurs dans les oreilles, elle tentât tant bien que mal de ne pas se faire remarquer, et se fondre dans la foule. Lorsqu'elle regardait un de ces innombrables écrans, elle ne voyait que sa photo, son visage et ceux des deux autres protagonistes qui étaient comme elle, traquée comme la peste. Elle secoua la tête, et poursuivit sa funeste marche jusqu'au fast-food le plus proche. Longue file d'attente, qu'elle dut faire sans pouvoir contester. Elle soupirait, soufflait, s'impatientait. Mais au final, ne faisait rien. Elle ne pouvait avoir le luxe de s'énerver comme elle le faisait avant, où son image n'était pas devenue taboue pour sa propre personne. Elle arriva enfin devant l'employé, qui avait un regard suppliant vers l'horloge. De longues cernes étaient visibles sous ses yeux, et il s'était cambré, épuisé. Il n'était pas si tard pourtant, aux alentours de dix-sept heures du soir. Mais peut-être était-il ici, depuis le petit matin ? Debout derrière un écran, à pianoter les repas de ses clients, se prenant des insultes et ayant l'odeur putride des frites sur lui. Elle éprouva une certaine pitié et empathie, qui s'accentua quand elle vit le panier de pourboire pour le jeune homme intégralement vide. Elle commanda son déjeuner, et attendit patiemment. Il fut rapide et efficace, et en quelques minutes, tout était prêt. Blasée et sans mot, elle déposa un piètre billet de dix dollars dans le panier d'osier, s'excusant de ne pouvoir donner plus. Elle détala ensuite, sans demander son reste, et ne prêta guère attention au visage rafraîchit du garçon. Telle l'ange déposant la bienfaisance sur le monde, elle ne se félicita pas de son acte de bonté. Mais peut-être était-il ici, depuis le petit matin ? Commençait-elle à s'adoucir et à mûrir ? Sans nul doute. Il devenait impossible de marcher, tous se collaient, se serraient et essayaient de prendre le pas sur l'autre, afin de pouvoir faire le pas qui les conduira à leur rédemption et leur satisfaction. L'intelligence étant courante chez Âlisha, elle opta pour une petite ruelle qui lui permettra de s'engouffrer dans son appartement sans devoir affronter les milliers d'âmes perverties par l'envie de rentrer chez eux. Et bien qu'elle fût dans le même cas qu'eux, elle ne put se résoudre à s'identifier à ces derniers, sa fierté l'empêchant de voir la vérité et d'arrêtait d'être légèrement imbus d'elle même. Pouvant se montrer tantôt humble, tantôt narcissique. Même si ces derniers temps, le narcissisme avait presque disparu, ne laissant qu'une certaine maturité et une prise de conscience de l'absurdité dont elle avait fait preuve toutes ces années. Soupir, ô doux soupir, m'accompagneras-tu encore longtemps dans la marche funeste me conduisant vers mon destin inéluctable ? Elle releva la tête, laissant apparaître pour la première fois de cette douce journée son visage aux yeux de tous. Les rayons du soleil vinrent chatouiller sa peau, lui procurant un sourire sarcastique. Elle secoua la tête, et arriva au bout de la ruelle. Elle ne voulait plus rentrer chez elle, elle voulait d'abord prendre un café. Chose idiote certes, car l'on pouvait la reconnaître. Mais avec son déguisement, elle savait pertinemment que personne ne ferait attention à elle. Elle déposa son sac de nourriture à côté d'elle, et commanda un café. Elle trouva un journal délaissé à côté d'elle. Elle scruta les mots de la couverture, le prit et le lu. made by pandora.
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