C'était une marche lente. Une démarche féline, agile, celle d'un carnivore affamé. De longues rondes autour de son futur repas, déjà blessé, à terre. Le bruit de sa langue qui glisse sur ses babines, le bruit lourd de ses pattes, énormes, gigantesques. La beauté de sa démarche, agile, laissant oublier sans mal le poids de son corps. L'animal s'arrêta soudain, à quelques mètres, pour apercevoir le regard de sa victime. Des yeux implorants, qui ne cessaient de dévisager son meurtrier ; c'était deux perles bleuâtres qui saisissaient sa proie, l'étouffaient à distance et l'enfermait afin qu'elle ne distingue plus que lui...


Le principal talent de cet homme, de ce lion aux yeux célestes, c'était la manipulation. Comme un pouvoir, il ne suffisait toujours que de mots bien placés pour que ses crocs se referment d'un coup d'un seul, croquant la douce chair de son met. Capricieux et avide, il savait également se démener pour obtenir ce qu'il voulait de qui il voulait et prenait un malin plaisir à déguster dans son antre les restes de cette pauvre victime, lui qui la dévorait jusqu'au bout, qui n'en laissait pas un morceau, pas une miette. Également possessif et jaloux, jamais on osait lui demander un morceau après son passage.


Excessivement orgueilleux, ce félin d'ébène n'hésitera jamais à montrer les crocs à quiconque osera essayer de se montrer meilleur que lui et, par cette obstination qui le caractérise tant, fera tout et aussi longtemps qu'il le faudra pour montrer qu'il est, indubitablement, le roi de ces contrées. D'un esprit rebelle, il détestera qu'on lui donne des ordres et qu'on tente de lui interdire des choses. Faire ce qu'il veut quand il le veut, où il le veut et avec qui il le veut sont des principes qui lui tiennent fortement à cœur. Doué la plupart du temps d'un calme apparent, il n'en demeure pas moins impulsif sur certaines choses, essayant, pour parer à ce défaut, de planifier, prévoir ses actions et celles des autres afin de ne jamais faillir à son masque de stabilité.


Intelligent et discret, ce monarque animal fera preuve d'une efficacité sans faille dans les tâches faisant intervenir son intellect et agira perpétuellement dans l'ombre si adversaire il y a pour décrocher, au final, à chaque fois une victoire savoureuse après avoir, la plupart du temps été sous-estimé. Très empathique, il usera le plus souvent de cette compréhension des autres simplement pour en tirer un maximum de bénéfice personnel, ne voyant en la plupart des personnes, que des marches pour constituer l'escalier qui le mènera à une domination suprême. Actif, il aura continuellement besoin de se dépenser dans divers sports ou activités le faisant suer. Tout ça pour au final finir par lézarder au soleil, la gueule ouverte et les pattes en l'air, montrant une certaine facette paresseuse.


Affectivement parlant, notre carnivore aura tendance à énormément déconcerter son entourage par son attitude secrète. La plupart du temps, c'est sur ce genre de sujets qu'il deviendra soudainement incontrôlable spontané : sur ce qu'il apprécie. Savoir ce qu'il aime n'est le plus souvent possible qu'une fois entre ses griffes et le contenter n'est pas réellement une mince affaire. Peu sociable, il ne cherchera pas spécialement à aller vers les autres mais lorsqu'une personne qu'il jugera suffisamment intéressante pénètre dans son territoire, il n'hésitera pas à jouer des pieds et des mains pour se l'approprier et sera capable de se montrer même assez proche et passionné.


Ce félin intérieur, que l'on nommera Ryûichi Kagerou, est en réalité un humain. Un humain que l'on pourrait qualifier d'« étrange », « original » ou tout simplement « mauvais ». Une personne qui aurait pu être gentille comme elle aurait pu faire le mal. Cependant, c'est surtout inconsciemment que cet homme œuvre de façon égoïste pour son propre dessein. Au fond, utopiste, être désigné pour régner lui semble être le meilleur aboutissement au bien être de l'humanité, parce que le plus souvent, on remarque des planifications de notre félidé, une issue positivement impressionnante. Alors serait-ce un mal, finalement, si cet homme venait à régner sur le territoire... ?