Les êtres humains ont de nombreux besoins. Tout d’abord, ils nécessitent un foyer, où vivre et peut-être fonder une famille. Ensuite, ils doivent s’hydrater et se nourrir, afin de rester en vie. C’est mieux, dans l’ensemble, de rester en vie, pour un humain. Ils ont également besoin de prendre des douches et nécessitent de nombreux soins et produits, pour rendre leurs corps pures et pour sentir bons. Les humains ont également besoin de se vider, de temps en temps. Parce que tout ce qui rendre d’un côté ressort de l’autre, c’est bien connu. Bonjour la poésie. Mais ce n’est pas tout. Les être vivants en général ont tous besoin d’amour, de tendresse. Ils vivent du contact avec les autres et sont faits pour demeurer en société.

Tout ce qui fait qu’un être vivant est un être vivant, le différencie d’un robot. Un robot est un être programmé, que l’humain commande à sa guise. Il est la création même de l’Homme, il est la preuve d’une évolution technologique. Un robot vit uniquement pour ce pour quoi il a été conçu. Distribuer le journal, servir à manger dans un bar-restaurant, tenir la porte ou ramasser les ordures. Les robots, contrairement aux êtres vivants normaux, peuvent prendre toutes formes. Allant d’un simple objet de forme géométrique à un véritable Transformers. Les robots peuvent être dotés de sentiments, ou pas. Ce qui est sûr, c’est qu’un robot ne remplacera jamais l’être vivant, et encore moins l’être humain. Il est sa création, son pantin. Rien d’autre.

Artémis est un robot. A la base, ce n’est pas Artémis, mais plutôt quelque chose comme « N°1556334 ». Artémis est la création de l’entreprise Krei Tech, la plus grande production de robots au monde. C’est grâce à cette entreprise singulière que vos repas sont apportés en temps et en heure ou que la ville ne ressemble pas à un dépotoir. Artémis a été conçue dans le but d’apporter ce qu’il manquait à un foyer sans enfant. Vous savez, de nombreux couples ne peuvent concevoir d’enfants, pour diverses raisons. Et bien, le but de la société Krei Tehc, en créant Artémis, ainsi que de nombreux autres dans son genre, était d’apporter à ces foyers l’enfant dont ils rêvaient et qui leur manquait. Plutôt que de faire appel à une mère porteuse où je ne sais quoi d’autre, ils allaient leur offrir leur propre enfant robot.

Artémis a donc été pensé et crée afin de ressembler le plus possible à un être humain lambda. Une carte implantée dans ce qu’ils appellent le cerveau lui permet de, plus ou moins, ressentir les émotions humaines, telles que la peur, la joie, la colère. Evidemment, rien n’est parfait, et cette carte ne fonctionne pas toujours comme elle devrait. Artémis reste un robot et ses capacités sont donc limitées. Ses réactions sont parfois lentes et inadaptées, ou bien totalement absentes. Mais le robot reste tout de même un objet de technologie absolument révolutionnaire, pour qui ne pourrait s’en accommoder.

Artémis, contrairement aux êtres vivants, n’a aucun besoin. La nourriture lui est fortement déconseillée, étant donné le fait que ça pourrait détruire ses systèmes. Les douches, les bains, et le moindre contact avec l’eau lui est totalement défendu. L’électricité et l’eau, ça fait jamais bon ménage, même pour un robot. Elle ne ressent ni l’absence, ni le besoin d’amour et de tendresse. Elle est incapable de détecter la douleur ni ne sait consoler. Artémis est un robot qui réfléchit vite. Parfois trop. Il lui arrive souvent de se mettre hors-tension, comme quand une personne vivante tombe dans les pommes.

Artémis a été conçue pour avoir des rêves. En fait, elle a été crée avec un rêve. Celui de voyager dans l’espace, de toucher les étoiles et le ciel. De visiter une autre planète, un autre monde. Elle a également été crée pour être très curieuse, et programmée pour toujours avoir une question à poser. Elle a pour objectif de savoir tenir une conversation, même si ses idées ne sont parfois pas très cohérentes. Artémis a été créée avec des faiblesses, de nombreux défauts. Tout d’abord, le robot est très envieux des autres humains. Elle voudrait être comme eux. Pouvoir apprécier le goût d’une tarte à la fraise, le toucher d’un drap en laine et le plaisir d’être dans les bras d’un être aimé. Elle voudrait, elle aussi, un cœur qui bat, des poumons qui se remplissent d’air et un véritable esprit, une conscience, un cerveau. C’est également la paresse et la peur qui alimentent le plus Artémis. La peur est le sentiment sur lequel ses créateurs se sont le plus penchés. Ils se sont fait une joie de lui attribuer de nombreuses craintes, et l’ont agrémenté d’une paranoïa quasi-constante. Artémis est un robot toujours sur ses gardes, qui, loin de savoir ce que le terme signifie, n’accorde pas facilement sa confiance.

Artémis est dotée d’une carte mémoire, lui permettant d’enregistrer chaque évènement de sa vie. Comme les personnes rancunières et possédant une excellente mémoire, le robot n’oublie rien. Elle a la capacité de se souvenir de tous les visages, noms, et chaque passage de son existence, tout en détails. Artémis est un robot bavard qui aime partager son goût pour l’art, la musique et la couture. Autrement, Artémis est un robot totalement autonome, capable de se recharger à sa guise, et de vivre sans l’aide de quiconque.  Artémis correspond un peu à une adolescente rebelle, à l'humeur changeante et lunatique.

Artémis est un robot. Elle a été conçue par la société Krei Tech, spécialisée dans la fabrication de robots en tout genre. Artémis a mis de nombreuses années à voir le jour, tous comme les autres robots du même type. Ces robots avaient pour but d’offrir à des foyers sans enfants, le bambin dont ils rêvaient. Différents prototypes avaient été créés. Des enfants en bas âge, des adolescents, des jeunes adultes… Tous devaient se rapprocher le plus d’un être humain normal. Une carte électronique leur permettait d’avoir des sentiments, de ressentir des émotions. Une autre leur permettait de voir le monde tel que les humains le voyait. Une autre leur permettait de dialoguer, comme un véritable être vivant.

Artémis était une création plutôt réussie. De toutes les mises en situation auxquelles elle avait été soumise, aucun bug n’avait été relevé. Artémis était donc prête à être envoyée dans un foyer.

Artémis. 16 ans. Adolescente banale aux résultats scolaires brillants. Gentille et attentionnée, souriante et sociale. Artémis, un robot qui, jamais, ne pourrait remplacer un véritable être humain. La famille qui avait accueillie le robot l’avait beaucoup appréciée, les premiers jours. Artémis s’adaptait à sa nouvelle vie de famille. Elle avait été conçue afin de s’attacher à ses parents. Ce fut le cas. Pendant quelques temps, tout se passait bien, dans le meilleur des mondes. Mais Artémis restait un robot, qui buguait lorsque les situations devenaient trop difficiles. Qui ne partageait par les repas et qui ne pouvait apporter la chaleur d’un véritable amour. Artémis devenait, au fil du jour, une présence inutile. Elle fut très vite abandonnée, mise à la rue, remplacée par quelque chose de mieux, de plus vivant.

Artémis avait été conçue afin de ressentir au mieux les sentiments humains. Elle fut accablée de chagrin, incapable de passer à autre chose. Artémis, le robot presque humain, était à la rue, sans foyer, sans personne pour l’aimer. Artémis, comme beaucoup d’autres robots dans son genre, n’était plus bonne à rien. Les humains qui l’avaient à son service s’étaient donc contentés de la mettre à la porte. De lui dire au revoir.

La production d’enfants robots fut interrompue, car très mal intégrée dans la société. On pouvait remplacer les serveurs, les livreurs de journaux, les distributeurs de tickets. Mais on ne pouvait pas remplacer la chaleur humaine, l’amour d’une famille.